La chimie de l’amour : nous sommes programmĂ©s pour tomber amoureux.

Depuis de nombreux siĂšcles, l’amour reste la source d’inspiration des poĂštes et romanciers. Sous leurs plumes, il se conte sous toutes ses formes, du feu d’artifice qui fait chavirer le coeur et l’esprit, jusqu’à la rupture dĂ©vastatrice. Il rend la vie belle mais fait aussi souffrir. Il est le moteur et la couleur de notre existence.

C’est seulement depuis une trentaine d’annĂ©es qu’il suscite l’intĂ©rĂȘt des neurobiologistes. A partir des annĂ©es 1980, les scientifiques ont les moyens d’apprĂ©hender la neurobiologie des sentiments et de comprendre les mĂ©canismes de l’attachement, de l’affection, et de l’amour humain. Cependant, l’amour n’est pas un phĂ©nomĂšne isolĂ© que l’on peut Ă©tudier simplement. En coopĂ©ration, de rĂ©cents travaux menĂ©s sur la chimie du cerveau, mais aussi sur l’activation des rĂ©gions cĂ©rĂ©brales visualisĂ©es grĂące aux outils de l’imagerie mĂ©dicale, ont dĂ©voilĂ© les nombreux mĂ©canismes intriquĂ©s et associĂ©s au sentiment unique d’ « amour ». Il se dissimule, de façon diffuse dans les mĂ©andres des structures profondes du tissu cĂ©rĂ©bral. C’est donc Ă  partir de circuits de neurones, activĂ©s par des jaillissements d’hormones, que se joue le plus vieux scĂ©nario du monde : une histoire d’amour. Peu Ă  peu s’élucident tous ces phĂ©nomĂšnes qui accompagnent la perception des Ă©motions, l’Ă©laboration des sentiments et des comportements amoureux, depuis le coup de foudre, en passant par la passion amoureuse, l’attachement fidĂšle jusqu’à l’inĂ©vitable habitude qui s’installe dans les vieux couples. La construction des sentiments et des Ă©motions se dĂ©cline ainsi comme un rĂ©pertoire complexe de ressentis ou de comportements qui rassemble l’attirance, le dĂ©sir, le jeu de la sĂ©duction, le baiser, la passion, le manque, la jalousie, l’orgasme… Voyons comment cela fonctionne.

Comment le cerveau peut-il percevoir des sentiments ?

chimie de l'amourLa mĂ©canique des sentiments humains est intimement liĂ©e au fonctionnement particulier de zones cĂ©rĂ©brales spĂ©cialisĂ©es et impliquĂ©es dans la naissance de certaines Ă©motions. C’est par l’intermĂ©diaire des organes sensoriels (vision, olfaction
) dont notre corps est prodigieusement Ă©quipĂ©, qu’il reçoit des informations sur l’environnement, informations qui se mĂ©langent alors Ă  celles du corps (faim, dĂ©sir sexuel
). Inversement, le cerveau commande aussi l’émission des signaux sortants comme par exemple les rĂ©actions physiques de notre corps ou nos comportements. Les zones cĂ©rĂ©brales en relation avec les diffĂ©rentes composantes de l’Ă©motion sont principalement localisĂ©es dans le cerveau « Ă©motionnel ».

Ce systĂšme nous envoie des sensations grĂące Ă  des neurones qui produisent des messagers chimiques (neurotransmetteurs) émettant des signaux de bonheur, de plaisir et de bien-ĂȘtre. Ils indiquent et transmettent Ă©galement la valeur affective (plaisir ou souffrance) des informations reçues par le cerveau. Ce dernier, grĂące Ă  sa « mĂ©moire de travail », rapatrie des images et des sentiments, fait le lien entre les Ă©vĂ©nements, raisonne et dĂ©cide de nos actes.
Le cerveau orchestre avec finesse cette messagerie organisĂ©e et synchronisĂ©e Ă  l’ensemble de notre corps. C’est le systĂšme nerveux autonome et quelques hormones, qui prĂ©parent l’organisme Ă  rĂ©agir face Ă  des situations (danger, excitation
) par des rĂ©ponses adaptĂ©es (lutte, fuite, attirance
). Tandis que dans d’autres rĂ©gions du cerveau qui participent Ă  l’élaboration des sentiments de plaisirs, certains neurones produisent les messagers chimiques de l’amour dĂ©versĂ©s dans la circulation sanguine.

Dans cette symphonie cĂ©rĂ©brale, nos neurones Ă©voluent dans un bain subtil d’hormones et de neurotransmetteurs. Parmi les neurotransmetteurs impliquĂ©s dans la circuiterie de la motivation, des Ă©motions, du dĂ©sir et du plaisir, la noradrĂ©naline, la sĂ©rotonine, la dopamine et les endorphines jouent un rĂŽle fondamental dans la rĂ©gulation de nos humeurs et dans les sensations de bien-ĂȘtre physique et psychique. Les fluctuations des concentrations cĂ©rĂ©brales d’adrĂ©naline rĂ©gulent nos Ă©tats de stress et d’anxiĂ©tĂ©, alors que celles de dopamine (hormone de l’action) contrĂŽlent les systĂšmes de motivation et participent Ă  l’expression des comportements gratifiants. Les endorphines (hormones du bien-ĂȘtre) favorisent les sensations de plaisir en inhibant les messages douloureux, elles agissent sur notre Ă©tat Ă©motionnel, augmentent nos performances et dĂ©clenchent l’euphorie. Cet Ă©tat euphorique de plĂ©nitude, d’apaisement et de bonheur est caractĂ©ristique des comportements amoureux et des instants qui suivent l’acte sexuel et l’orgasme.

Le coup de foudre : Neurobiologie de l’attraction

chimie de l'amour« Je le vis, je rougis, je pùlis à sa vue ;
Un trouble s’éleva dans mon Ăąme Ă©perdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps, et transir et brûler. »Racine

Qui mieux que Racine, par les paroles de PhÚdre, a décrit le coup de foudre. Toutefois les neuroscientifiques en donne un schéma bien moins poétique.
Dans l’attirance nos sens sont exacerbĂ©s ; des stimuli visuels, auditifs, olfactifs et tactiles activent le cerveau Ă©motionnel et dĂ©clenchent le coup de foudre. Nous voilĂ  bouleversĂ©s, presque pĂ©trifiĂ©s. Lors de cet « orage hormonal » les messagers chimiques du stress s’invitent dans la tempĂȘte : l’adrĂ©naline et la noradrĂ©naline dopent l’Ă©nergie, empĂȘchent de dormir, diminuent l’appĂ©tit et stimulent notre envie d’entrer en relation. Le coeur bat la chamade. Pour surmonter la crainte, l’ocytocine(hormone de l’attachement) est sĂ©crĂ©tĂ©e. Et voilĂ  que le cerveau libĂšre la dopamine, le messager du dĂ©sir qui nous pousse Ă  l’action. A ce moment la passion est dĂ©clenchĂ©e. La phase d’amour passionnel s’installe, avec un sentiment de bien-ĂȘtre et de sĂ©curitĂ©. Le processus met moins d’un cinquiĂšme de seconde Ă  se mettre en place, et contrairement Ă  une idĂ©e largement rĂ©pandue, cette chimie de l’amour peut durer une dizaine d’annĂ©es.

La passion amoureuse

« L’amour se dĂ©cline en trois Ă©tapes successives : la rencontre ou dĂ©sir sexuel, la passion ou amour romantique puis l’attachement durable. GrĂące aux progrĂšs de la neurobiologie, il est admis que ces Ă©tapes sont liĂ©es Ă  l’effet de deux messagers chimiques : la dopamine et l’ocytocine. La clĂ© du dĂ©sir, c’est la dopamine qui mobilise notre Ă©nergie et dĂ©clenche en nous « l’envie d’avoir envie » ! Ensuite une fois la relation Ă©tablie, l’Ă©change de caresses libĂšre l’ocytocine qui va rĂ©duire l’angoisse, nous dĂ©tendre et favoriser notre confiance en l’autre. Favorable Ă  l’intimitĂ© de la relation, elle intervient dans tout comportement relationnel qui implique l’empathie« .Bernard SablonniĂšre « la chimie des sentiments ».
Ainsi l’amour devient une drogue. La passion amoureuse provoque une dĂ©pendance similaire Ă  la toxicomanie. Pendant cette pĂ©riode, le cerveau est saturĂ© d’ocytocine. Sa sĂ©crĂ©tion s’accompagne de doses de dopamine (motivation) et de bouffĂ©es d’endorphine (plaisir). Observer Ă  l’IRM, le cerveau d’une personne amoureuse, ressemble Ă  celui d’une personne sous cocaĂŻne. Lorsque que nous Ă©prouvons l’amour-passion, une zone du cerveau, liĂ©e au circuit de la rĂ©compense, s’emballe et libĂšre des salves de dopamine et de noradrĂ©naline activant non seulement le plaisir et le dĂ©sir mais anĂ©antissant par la mĂȘme occasion tout sentiment de tristesse, ce qui aide Ă  se mettre dans l’ambiance.
Le sang se charge de cortisol, l’une des hormones du stress, permettant au sujet d’ĂȘtre parfaitement Ă  son affaire, de ne penser Ă  rien d’autre, et d’oublier ses Ă©ventuelles douleurs.
Une autre structure cĂ©rĂ©brale (le noyau accumbens) dĂ©charge en rafales l’ocytocine qui, va non seulement favoriser l’attachement et la confiance mais Ă©galement rĂ©duire la peur.
SimultanĂ©ment, une rĂ©gion centrale du cerveau libĂšre une autre hormone,  la vasopressine. Elle va agir sur l’attraction, l’excitation sexuelle et rĂ©duire l’anxiĂ©tĂ©. Par contre, les cerveaux humains amoureux ont un trĂšs bas niveau de sĂ©rotonine, comme chez les personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Cette quasi absence de sĂ©rotonine favorise les comportements hardis et les pensĂ©es obsessionnelles
 Cette hormone, nous permet d’avoir un esprit critique, donc, quand elle n’est pas active, nous ne sommes pas attentifs aux dĂ©fauts du partenaire et cela peut durer plusieurs jours ou plusieurs mois d’oĂč l’expression « l’amour rend aveugle ». A ce stade l’amour occupe toutes nos pensĂ©es. Mais au fil du temps la libĂ©ration de sĂ©rotonine tempĂšre petit Ă  petit nos ardeurs, les Ă©missions de dopamine s’amoindrissent, les rĂ©cepteurs d’endorphines se dĂ©sensibilisent. Ce mĂ©canisme de saturation explique la durĂ©e nĂ©cessairement limitĂ©e de l’amour-passion.
MalgrĂ© tout, ce flot d’émotions veille Ă  inciter l’espĂšce Ă  se reproduire car le but de la rencontre amoureuse c’est inconsciemment la reproduction. Chimiquement l’orgasme dĂ©montre aussi que notre cerveau est sculptĂ© pour nous rendre « accro » Ă  l’amour. Comment cela se passe-t-il ?
A l’apogĂ©e du plaisir, un cocktail de messagers chimiques et d’hormones inonde notre cerveau pour conduire Ă  l’orgasme. Ces hormones qui euphorisent le cerveau et qui en plus de participer Ă  l’orgasme, renforcent le lien affectif sont « le cannabis naturel » du cerveau, si euphorisant et relaxant.

Et pour que tout ce festival de messagers chimiques et d’hormones fonctionnent correctement je vous invite Ă  lire mon dernier article sur la cuisine aphrodisiaque.

A vos amours !💖

Pascale FAIVRE, auteure, conférenciÚre, coach de vie, Extrait de mon livre « Spleen ou stress »  aux éditions AMYRIS

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